Lundi 29 février, Mumtaz Qadri a été exécuté. Il avait assassiné celui qu’il était sensé protéger, le gouverneur du Pendjab, Salman Taseer.
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umtaz était islamiste radical. Salman, lui, prenait la défense des minorités religieuses et souhaitait réformer la loi contre le blasphème. A ce titre, il avait soutenu Asia Bibi et lui avait rendu visite alors qu’elle était en prison.
Mumtaz faisait partie du commando d’élite de la police assigné à la protection rapprochée de Salman. A la sortie d’un restaurant, il l’a tué. 28 balles. Aucun regret. L’assurance au contraire d’avoir accompli son devoir religieux.
Il était devenu un héros. Nombreux étaient ceux qui lui rendaient visite en prison pour recevoir sa bénédiction. En marque de respect, une mosquée porte son nom à Islamabad. Certains groupes religieux qualifient son crime de « meurtre exemplaire »
Dans ce contexte, sa pendaison plonge le Pakistan dans une vague de tensions. Aux premières lignes, les minorités religieuses, les chrétiens. Alors que le corps de Mumtaz est retourné chez lui, des manifestations se mettent en place dans tout le pays. 1000 personnes à l’est de Lahore, 900 à Quetta, des centaines au Cachemire et même 7000 à Karachi.
Des paramilitaires, la police en uniforme anti-émeute, des dizaines de véhicules sont déployés autour de sa maison. Des routes et des écoles sont fermées. La sécurité est renforcée à Lahore et Karachi. Champa Patel, directrice du bureau régional d’Amnesty International pour l’Asie du Sud, déclare :
« Salman Taseer était une voix courageuse pour la tolérance religieuse au Pakistan et son meurtrier doit être déféré à la justice, mais perpétrer d’autres meurtres est un piteux moyen de rendre hommage à la vie de Salman Taseer et au message qu’il a porté. La peine de mort est toujours une violation des droits humains, quelles que soient les circonstances ou la nature du crime commis »
M.C.